Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/272

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laisse se détériorer et se perdre, lorsque, pour longtemps encore, on en a un besoin essentiel. On oublie que, pour des siècles encore, le cheval sera indispensable au travail humain, au service des armées, à l’agriculture, aux transports de fardeaux, aux voyages, etc. ; et, lorsque cette noble espèce ne sera plus dans les mains de nos descendants que ce qu’elle doit être en effet, c’est-à-dire un moyen de plaisir, et son éducation perfectionnée une pratique d’art accessible à tous, nous aurons été forcés d’épuiser encore bien des générations de ces laborieux animaux, avant d’arriver à supprimer l’excès de leur travail. Ne dirait-on pas, à voir l’état de décadence où l’on a laissé tomber la production chevaline, que nous sommes à la veille d’entrer dans cet Eldorado de machines, où tout se fera à l’aide de la vapeur, depuis le transport des cathédrales jusqu’à l’office du barbier ?

Quel est donc le résultat social qu’il faudrait atteindre pour réhabiliter l’industrie chevaline, à peu près perdue depuis la révolution et particulièrement depuis 1830 ? Encourager la production, renouveler et conserver nos belles races indigènes, qui, dans peu d’années, auront entièrement