Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/303

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voir les grands brûlés et les fraîches ravines de Bourbon. Quand l’âge des projets est passé, c’est un vif plaisir que de se promener dans son rêve rétrospectif avec un excellent guide, et ce guide, à qui rien n’est resté étranger durant vingt-six ans d’explorations aventureuses et de travaux assidus, c’est l’auteur des notes que nous avons sous les yeux.

Ingénieur colonial à la Réunion, M. Maillard s’est trouvé là, en présence de la mer et du volcan, le représentant d’une troisième force, le travail humain aux prises avec les impétueuses et implacables forces d’expansion de la nature. Le temps n’est plus où le Dieu hébreu défiait Job de dire à la mer : « Tu n’iras pas plus loin ! » Le vrai Dieu, qui veut que l’homme aille toujours plus loin, lui a permis de posséder la nature en quelque sorte, en s’y faisant place et en luttant avec elle de persévérance. Des jetées hardies et des travaux sous-marins bien calculés, ouvrent aux navires les passes les plus dangereuses et défendent aux flots d’envahir les grèves où l’homme s’établit. Quand les torrents des montagnes emportent les ponts jetés sur leurs abîmes, l’homme s’attaque au torrent lui-même,