Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/31

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entendons plus ; mais nous savons bien que le chœur sacré des âmes n’est pas muet et que notre partie y est écrite et nous attend.

Au delà, oui, au delà ! Faut-il s’inquiéter de ce peu de notes que nous avons à dire encore ? Et, quand nous avons souhaité le bonsoir au vivant qui ferme la porte et descend l’escalier, savons-nous si ce mot n’est pas le dernier que nous aurons dit dans la langue des hommes ?

Vivre est un bonheur quand même, parce que la vie est un don ; mais il y a bien des jours, dans notre éphémère existence humaine, où nous ne sentons pas ce bonheur. Ce n’est pas la faute de l’univers ! Les personnalités puissantes souffrent moins que les autres. Elles traversent les crises avec une vaillance extraordinaire, et, quand elles sont forcées de descendre dans les abîmes du doute et de la douleur, elles remontent, les mains pleines de poésies sublimes.

Tel vous êtes, ô poëte que nous admirons ! dans la tempête, vous chantez plus haut que la foudre, et, quand un rayon de soleil vous enivre, vous avez l’exubérante gaieté du printemps. Si tout est gris et morne autour de vous, votre âme se met à l’unisson des heures pâles et lugubres ;