Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/311

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peu connus pour qu’il soit possible d’entreprendre un travail d’ensemble satisfaisant. Si un pareil chiffre et celui qu’on nous fait entrevoir nous étonnent, reportons-nous au noble et poétique livre de M. Michelet, la Mer, et notre imagination au moins se représentera la puissante fécondité qui se produit au sein des eaux, et qui n’a aucun point de comparaison avec ce qui se passe sur la terre.

C’est là que la nature, échappant à la destruction dont l’homme est l’agent fatal, et se dérobant à plusieurs égards à son investigation, enfante sans se lasser des êtres innombrables dont l’existence éphémère se révèle plus tard par l’apparition de continents nouveaux, ou par l’extension des continents anciens. Cette intéressante et universelle formation de la terre par les mollusques commence aux premiers âges du monde. C’est sous cette forme élémentaire d’abord et de plus en plus compliquée que la vie apparaît, mais avec quelle profusion étonnante ! Notre monde, nos montagnes, nos bassins, les immenses bancs calcaires qui portent nos moissons ou qui servent à la construction de nos villes ne sont en grande partie qu’un amoncellement,