Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/36

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maisons neuves. On a respecté de vieux murs couverts de lierre. Des arbres qui vous ont prêté leur ombre, quelques-uns sont encore debout, me dit-on. L’hiver les dépouille à cette heure, et je ne sais où se sont réfugiés les oiseaux. Rien ne chante plus dans ce coin qui abrita et charma votre enfance. Au dehors, dans les vallons mystérieux qu’on trouve encore non loin de Paris, la gelée a mordu les ramées. Il n’y a plus d’autres chansons des bois que le grésillement des feuilles tombées que le vent balaie. Dans les rues, il n’y a pas de chansons non plus. Ce beau quartier latin que je traverse chaque soir est devenu vaste, aéré, monumental. Ses groupes d’étudiants qui emplissaient jadis toute une rue dans un éclat de rire, sont comme perdus et inaperçus sur ces larges chaussées plantées d’arbres. Ils sont toujours jeunes, pourtant ; le printemps ne se fait jamais vieux, et le renouveau de chaque génération est toujours un objet d’attendrissement et de sympathie pour les cœurs qui ont vécu et souffert. Mais qu’y a-t-il dans cette influence de la saison où nous sommes ?

Je me le demandais l’autre jour en traversant le jardin du Luxembourg, au coucher du soleil.