Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/360

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— Il y a là la nourriture d’un monde.

Déclaré libre, en septembre 1858, sur la terre d’Afrique, il résolut de s’établir sous ce beau ciel et de chercher une ferme à faire valoir. Connaissant sa valeur et sa capacité, le ministère de l’Algérie lui accorda une concession qu’il lui fut permis de chercher à son gré dans la région qu’il avait explorée. Enfin, une permission lui fut accordée aussi de venir vendre sa maison et sa vigne de Châteauroux, et d’y chercher sa famille pour être en mesure de cultiver. Il revint donc, réalisa ses humbles ressources, emballa ses outils, persuada sa femme et ses enfants (ses vieux parents étaient morts), vint chez nous donner une façon à la vigne qu’il y avait créée, et qu’il aimait comme sa chose, nous raconta ses misères et ses joies, ses étonnements et ses espérances ; puis il partit pour Gastonville, avec tout son monde, la pioche en main et le fusil sur l’épaule pour se préserver des bêtes sauvages qui trônaient encore sur son domaine. Malgré de généreux secours, il eut grand’peine à vivre au commencement. Pas assez d’argent, pas assez de bras, et, la chaude saison, la fièvre et l’ophthalmie interrompant le travail.