mois au cachot sur la paille, en plein hiver. Quand on le mit dans la voiture cellulaire qui le dirigeait vers l’Afrique, il était presque aveugle, et, depuis, il a toujours souffert cruellement des yeux.
Cette fois, toutes les tentatives échouèrent. Il dut aller expier, sous le terrible climat de Gastonville, le crime d’avoir été trop aimé.
Quelques-uns se découragèrent et y perdirent leur foi et leur espérance. Le paysan, pris de nostalgie, devient fou. Patureau supporta l’exil en homme et se prit à regarder l’Afrique en artiste. À peine arrivé, il nous écrivait des lettres charmantes, presque enjouées, comme les eût écrites un homme voyageant pour son plaisir et son instruction. La vue des premières grandes montagnes couvertes de neige, l’audition des premiers rugissements du lion dans la nuit firent battre son cœur d’une émotion inattendue et il m’écrivait simplement : « Ah ! madame, que c’est beau ! »
Et puis il se prit d’amour pour cette terre nouvelle si féconde en promesses. Il regardait pousser le blé derrière la charrue ; il prenait cette terre dans sa main, l’examinait, l’analysait d’un œil expert et disait :