Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/42

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— et les styrax n’étaient pas fleuris ; mais le lieu était enchanté quand même, et, en ce lieu vous dites une parole qui me donna à réfléchir. Vous en souvenez-vous ? C’était auprès de la source où nous avions déjeuné avec d’excellents amis. B…, mon cher B…, aussi bon botaniste que qui que ce soit, venait de briser une tige feuillée en disant :

Suis-je bête ! j’ai pris une daphné pour une euphorbe !

Vous vouliez vite cueillir la plante pour m’en éviter la peine. Je vous dis que je ne la voulais pas, que je la connaissais, qu’elle n’était pas exclusivement méridionale, et mon fils se souvint qu’elle croissait dans nos bois de Boulaize, au pays des roches de jaspe, de sardoine et de cornaline.

À ce propos, vous me dites, avec l’indignation d’un généreux cœur, que je connaissais trop de plantes, que rien ne pouvait plus me surprendre ni m’intéresser, et que la science refroidissait.

Aviez-vous raison ?

Moi, je disais intérieurement :

— Je sais que l’étude enflamme.

Avais-je tort ?