Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/43

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Nous avions là-bas trop de soleil sur la tête et trop de cailloux sous les pieds pour causer. Maintenant, à tête et à pieds reposés, causons.

La science…. Qu’est-ce que la science ? Une route partant du connu pour se perdre dans l’inconnu. Les efforts des savants ont ouvert cette route, ils en ont rendu les abords faciles, les aspérités praticables ; ils ne pouvaient rien faire de plus, ils n’ont rien fait de plus ; ils n’ont pas dégagé l’inconnu, ce terme insaisissable qui semble reculer à mesure que l’explorateur avance, ce terme qui est le grand mystère, la source de la vie.

On peut étudier avec progrès continuel le fonctionnement de la vie chez tous les êtres : travail d’observation et de constatation très-utile, très-intéressant. Dès qu’on cherche à saisir l’opération qui fait la vie, on tombe forcément dans l’hypothèse, et les hypothèses des savants sont généralement froides.

Pourquoi, me direz-vous, une étude que vous trouvez ardente et pleine de passion, conduit-elle à des conclusions glacées ? Je ne sais pas ; peut-être, à force de développer minutieusement les hautes énergies de la patience, l’examen devient-il une faculté trop prépondérante dans l’équilibre