Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/48

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Cette simple observation a fait trop de bruit dans la science et a produit une doctrine que voici : la plante serait un pauvre être soumis à d’étranges fatalités ; elle ne serait en état de santé normale qu’à l’état inerte. Reste à savoir quel est le savant qui surprendra ce moment d’inertie dans la nature organisée ! Mais continuons. Du moment que la plante croît et se développe, elle entre dans une série continue d’avortements. Le pétiole est un avortement de la tige, la feuille un avortement du pétiole ; ainsi du calice, du périanthe et des organes de la reproduction. Tous ces avortements sont maladifs, n’en doutons pas, car la floraison est le dernier, c’est la maladie mortelle. Les feuilles devenues pétales se décolorent ; oui, la science, hélas ! parle ainsi. Ces brillantes livrées de noces, la pourpre de l’adonis, l’azur du myosotis, décoloration, maladie, signe de mort, agonie, décomposition, heure suprême, mort.

Tel est l’arrêt de la science. Elle appelle sans doute mort le travail de la gestation, puisqu’elle appelle maladie mortelle le travail de la fécondation. Il n’y a pas à dire : si jusque-là tout est avortement, atrophie, efforts trompés, le rôle de