Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/49

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la vie est fini au moment où la vie se complète. La nature est une cruelle insensée qui ne peut procéder que par un enchaînement de fausses expériences et de vaines tentatives. Elle développe à seule fin de déformer, de mutiler, d’anéantir ; toutes les richesses qu’elle nous présente sont des appauvrissements successifs. La plante veut se former en boutons, elle vole la substance de son pédoncule pour se faire un calice dont les pétales vont devenir les voleurs à leur tour, et ainsi de suite jusqu’aux organes, qui sont apparemment des monstruosités, et que la mort va justement punir, puisqu’ils sont le résultat d’un enchaînement de crimes.

Pauvres fleurs ! qui croirait que votre adorable beauté ait pu inspirer une doctrine aussi triste, aussi amère, aussi féroce ?

Rassurons-nous. Tout cela, ce sont des mots. Les mots, hélas ! words, words, words ! quel rôle insensé et déplorable ils jouent dans le monde ! À combien de discussions oiseuses ils donnent lieu ! Et que fais-je en ce moment, sinon une chose parfaitement puérile, qui est de réfuter des mots ? Pas autre chose, car, au fond, les savants ne croient pas les sottises que je suis forcé de