Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/204

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un de ces vieux hôtels si bien conservés qui font l’intérêt et l’ornement des villes de province, de Blois en particulier. Au premier étage, la vieille s’arrêta, ouvrit une porte à serrure délicatement ouvragée et me dit :

— Entrez, et surtout ne sortez pas !

— Jamais ? lui dis-je en riant.

— Chut ! chut ! reprit-elle d’un ton craintif et en mettant un doigt sur ses lèvres.

Je vis alors sa figure austère et pâle, qui me parut fantastique, et qui s’effaça dans l’ombre de l’escalier comme un rêve.

— Évidemment, pensais-je, il y a dans ce charmant manoir une personne à l’agonie. Ce ne sera pas gai, mais peut-être serai-je de quelque ressource à Léon dans ce moment pénible.

Et je pénétrai dans un appartement délicieux de formes, de sculptures et d’ameublement. Je comptais y trouver Léon. Je traversai sans bruit une antichambre qui précédait un charmant petit salon ou plutôt un boudoir, où il y avait du feu, précaution agréable par ce temps d’orage qui m’avait mouillé et glacé ; des bougies brûlaient dans les candélabres, deux grands fauteuils d’un travail rare