Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/205

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occupaient les angles de cette cheminée, mais leurs coussins de gros de Tours, frais et rebondis, n’annonçaient pas qu’on s’y fût assis récemment. Le riche mobilier, rangé avec un soin minutieux, avait l’aspect des habitations inoccupées depuis longtemps. Le lustre faisait scintiller discrètement ses cristaux sous une enveloppe de gaze argentine ; les dossiers et manchettes de guipure des fauteuils étaient d’un blanc et d’un raide irréprochables. Deux jolies armoires à glace contenant l’une des chinoiseries, l’autre des figurines de vieux Saxe, étaient fermées à clef. Il y avait une table à ouvrage indiquant le passage ou le séjour d’une femme ; mais ce meuble était vide, et pas un brin de fil ou de soie n’était resté attaché à sa doublure de velours.

Au fond du boudoir, je vis une portière en tapisserie qui faisait face à la cheminée et que je soulevai avec précaution. Rien qu’obscurité et silence. Je pris une bougie, et je pénétrai dans la plus délicieuse chambre à coucher que j’eusse jamais vue. Elle était bleue, toute tendue de damas de soie couleur du ciel avec des torsades de soie blanche. Un lit, blanc et or, à baldaquin frangé, avec d’am-