Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/21

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ter ; ne pourrais-je trouver dans ce faubourg un guide pour m’y conduire ?

— J’allais vous proposer ma compagnie pour après demain, vu que je compte y aller ; mais, demain, c’est trop tôt.

— Je le regrette.

— Et moi aussi ; mais, que voulez-vous ! il faut absolument que je sois ivre cette nuit, et il est probable que je dormirai demain toute la journée.

— C’est une nécessité urgente que vous soyez ivre ?

— Oui, je n’ai pu faire autrement que de boire un peu pour fêter la noce d’un camarade d’enfance. Dans un quart d’heure, si j’en reste là, je serai triste ; j’ai le premier vin raisonneur et lucide. J’aime mieux m’achever, devenir gai, tendre, fou et idiot ; après ça, on dort, et tout est dit.

— Il n’y a pas de mal à devenir gai, tendre, fou et même idiot, comme vous le prétendez : mais, quelquefois, dans le vin, on devient méchant. Vous ne craignez donc pas que cela vous arrive ?

— Non ; je me persuade que le vin, quand il n’est pas empoisonné, ne développe et ne révèle en