Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

caractère et la réputation sont du plus grand poids à mes yeux, vous me rassurerez, et vous m’aiderez à me faire connaître.

— La dernière version est la vraie. Impéria est une personne parfaitement pure, et même assez farouche. Elle a confiance en moi comme si j’étais son père. Si Laurence lui eût parlé d’amour et qu’elle l’eût aimé, elle m’eût pris pour confident et pour conseil. S’il lui eût parlé d’amour et qu’elle n’y eût pas répondu, elle me l’eût peut-être caché ; mais elle l’eût traité avec froideur et méfiance, tandis que je vois régner entre eux une amitié paisible et enjouée.

— Vous êtes sûr alors qu’il n’est pas épris d’elle ?

— Je crois en être sûr. Je peux m’en assurer en l’observant sans rien dire, ou en l’interrogeant de votre part.

— De ma part ? Oh ! non certes, pas encore ! Il faut d’abord que vous me connaissiez. — J’ai vingt-quatre ans, je suis fille d’un artiste qui m’a laissé quelque fortune, j’ai épousé un homme titré qui n’avait rien, qui ne m’a pas rendue heureuse et qui m’a laissée veuve à dix-neuf ans. J’ai été rejoindre mon père, qui est mort aussi l’an dernier, me lais-