Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/25

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Dans la grange où il m’introduisit, et où le bruit, la poussière et la chaleur annoncés par lui ne laissaient rien à désirer, je fus accueilli avec beaucoup de cordialité et invité à boire à discrétion.

— Non, non, leur cria Laurence, il ne boit pas, lui, mais il danse. Tenez, l’ami, faites-moi vis-à-vis.

Il avait invité la mariée, j’invitai la grande fille laide que, du balcon de l’hôtel, j’avais vue à son bras une heure auparavant. Je croyais ne pas faire de jaloux, mais je m’aperçus bientôt qu’elle était fort courtisée, peut-être à cause de son air enjoué et hardi, peut-être aussi parce qu’elle avait de l’esprit. J’eusse voulu la faire causer sur le compte de Laurence ; le vacarme, qui était pour ainsi dire suffocant, ne me permit pas d’engager une conversation suivie.

Laurence dansait devant moi, et certainement il y mettait de la coquetterie. Il avait ôté son paletot de coutil et son gilet, comme les autres. Sa chemise, d’un blanc encore irréprochable, dessinait sa taille fine, ses larges épaules et sa poitrine bombée ; la sueur faisait boucler ses cheveux abondants,