Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/254

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été habitué, me remplit d’effroi, et je ne pus vaincre le dégoût que m’inspirait cette sorte d’abrutissement où je devrais plonger ma pensée. Je me sentais capable de ne rien faire de ma volonté plutôt que de l’asservir ainsi. J’avais grand tort, monsieur, je me trompais absolument : l’acceptation de la paresse est la plus funeste pensée qui puisse traverser une tête humaine. Je ne me doutais pas de ce que l’âme conserve de forces quand elle est résolue à se défendre ; mais, que voulez-vous ! j’étais trop jeune pour savoir cela.

Au milieu de ces angoisses secrètes, je reçus — le même jour, ceci est à noter, — deux lettres que j’ai été prendre tout à l’heure dans ma chambre et que je vais vous lire La première est d’Impéria.


« La Haye, 1er octobre 1850.

« Mon cher camarade, vous aviez promis de nous écrire, et nous commençons à être inquiets de votre silence. M. Bellamare me charge de vous le dire, et je joins mes reproches aux siens. Avez-vous si tôt oublié vos compagnons, vos amis, votre paternel directeur et votre petite sœur Impéria, qui n’en saurait prendre son parti sans regret ?