Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/29

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et reposé ; il se vantait de nager et de plonger comme une sarcelle. Il était gai, actif, superbe, et rajeuni de quatre ans. Je lui en fis mon compliment sincère, sans pouvoir surmonter la mauvaise honte qui s’empara de moi lorsqu’il remarqua que mon lit n’était pas défait. Infamie ! j’osai lui répondre que j’avais travaillé toute la nuit ; heureusement, l’âne, seul témoin de ma honte, était incapable de la divulguer.

Laurence avait soupé à deux heures du matin, il n’avait ni faim ni soif. Il s’était muni pour tout bagage d’un bâton et d’un album qu’il me permit de regarder. Il dessinait très-bien, traduisant la nature avec hardiesse et avec conscience. Nous prîmes à travers champs, et bientôt nous gravîmes la longue montagne sur un chemin très-dur, mais délicieux d’ombrages et d’accidents.

La conversation ne s’engagea réellement que lorsque nous eûmes atteint les âpres rochers où la Volpie se laisse tomber et s’engouffre dans une brisure anguleuse et profonde. C’est une petite chose très-belle, difficile à aborder pour la bien voir.

Nous y restâmes deux heures, et c’est là que