Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/307

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m’en demanda pas davantage. Il eût craint par ses questions, de me montrer combien peu il se doutait de ce que pouvait être cette étude. Je partis donc, emportant sa bénédiction comme les autres fois et mon petit capital, que, dès l’année précédente, j’avais toujours fait voyager à tout événement dans ma ceinture de dessous. Il n’était pas assez gros pour me gêner, d’autant plus que je l’avais déjà diminué de moitié.

Au commencement de l’hiver, je rejoignis donc la troupe à Toulon, et j’y fus reçu avec enthousiasme. La situation n’était pas brillante ; on avait toujours boulotté, comme disait Moranbois, et on tenait conseil pour savoir si l’on poursuivrait l’exploration des côtes.

À cette époque, les villes du littoral commençaient à peine à jouir de la vogue qu’elles ont acquise depuis. Il n’était pas encore question de chemin de fer, d’éclairage au gaz, de maisons de jeu. L’Europe n’assiégeait pas cette étroite falaise qui s’étend, comme un espalier au soleil, de Toulon à Monaco, et qui bientôt s’étendra jusqu’à Gênes.

— Mes enfants, nous dit Bellamare, nous boulotterons toujours, si nous ne prenons un grand parti.