Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/37

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première fois que l’École des Femmes parut sur l’affiche, je quittai le café Molière pour voir la pièce. Je ne sais pourquoi j’eus la fausse honte de ne le dire à personne. Les étudiants n’écoutent jamais le répertoire, qui est cependant imposé, en vue de leur instruction, au second Théâtre-Français. Nous sommes tous censés connaître les classiques par cœur, et beaucoup se déclarent saturés de ce vieux régal, qui n’en connaissent que de courts fragments et n’en ont jamais pénétré l’esprit ni apprécié le mérite.

J’étais dans ce cas comme bien d’autres, et, au bout de quelques scènes, je sentis comme un remords de n’avoir jamais apprécié un chef-d’œuvre si aimable. Nous ne sommes plus romantiques, nous sommes trop sceptiques pour cela ; le romantisme n’en a pas moins pénétré dans l’air que nous respirons ; nous en avons gardé le côté injuste et superbe, et nous méprisons les classiques sans rendre beaucoup plus de justice à ceux qui les ont démodés.

À mesure que je goûtais l’œuvre burlesque et profonde du vieux maître, j’étais frappé du charme de la cruelle Agnès : je dis cruelle parce que Ar-