Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/38

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nolphe est certes un personnage malheureux et intéressant malgré sa folie, il aime et il n’est point aimé ! Il est égoïste en amour, il est homme. Sa souffrance s’exhale par échappées en vers admirables qui ont, quoi qu’on en ait, un écho dans le cœur de tous les hommes épris. Il y a dans presque toutes les pièces de Molière un fonds de douleur navrante qui, à un moment donné, efface le ridicule du jaloux trompé. Le gros public ne s’en doute pas. Les acteurs qui creusent leurs rôles en sont frappés, et cette nuance profonde les gène, car, s’ils obéissent au sens plein de larmes de la nuance, le gros public n’y comprend rien, croit qu’ils parodient la souffrance, et rit encore plus fort. Au milieu de ce gros rire, il y a bien peu de personnes qui disent à l’oreille de leur voisin que Molière est un aigle blessé, une âme profondément triste. Cela est pourtant, car, moi aussi, je l’ai creusé, et dans tous ses cocus, je retrouve le misanthrope. Arnolphe est un Alceste bourgeois, Agnès, une Célimène en herbe.

Mais mademoiselle Impéria rendait Agnès intéressante par la bonne foi absolue de son innocence, par certains accents non plaintifs, plutôt énergiques