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vallons et de plaines que j’appelle la vallée Noire, et qui forme géographiquement, en effet, une grande vallée de la surface de quarante lieues carrées environ.

Cette vallée, presque toute fertile et touchant à la Marche et au Bourbonnais vers le midi, est le point le plus reculé de la province et le plus central de la France. Ses tendances stationnaires, l’antiquité de ses habitudes et la conservation de son vieux langage s’expliquent précisément par cette situation. Les routes y sont une invention toute moderne ; il n’y a pas plus de vingt ans que les transports et les voyages s’y font avec facilité, et on ne peut pas dire encore qu’ils s’y fassent avec promptitude. Rien n’attire l’étranger chez nous ; le voisin y vient à peine ; aucune ligne de grande communication ne traverse nos hameaux et nos villes, et ne les met en rapport avec des gens d’un peu loin. Un pays ainsi placé se suffit longtemps à lui-même quand il est productif et salubre. Le petit bourgeois s’imagine que sa petite ville est la plus belle de l’univers, le paysan estime que nulle part sous le ciel ne mûrit