Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/17

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Cet homme, qui me parlait de nos dernières courses avec lui en 1844, comme s’il se fût agi d’hier, et dont je reconnaissais la figure de contrebandier espagnol, c’était Moreau, le pêcheur de truites, le loueur d’ânes et de chevaux, le messager, le guide, le factotum actif et intelligent des voyageurs en Creuse.

— Conduisez-nous à l’autre village, lui dis-je ; vos chemins sont tout changés ; je ne me reconnais plus.

— Ah ! dame, nos chemins sont mieux dessinés qu’autrefois. On va plus droit ; mais ils ne sont pas encore commodes aux voitures, et vous irez plus vite à pied.

— C’est notre intention, d’aller à pied.

— Alors, marchons.

— J’ai grand’soif, dit Amyntas en soupirant.

— Voulez-vous du lait de ma chèvre ? lui cria une pauvre femme devant la porte de laquelle nous passions.

Amyntas accepta, tout joyeux d’avoir à donner à cette aimable villageoise une pièce de monnaie.