Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/18

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Elle ne la refusa pas, mais elle la reçut avec étonnement.

— Comment ! dit-elle, vous voulez payer une écuellée de lait ? Ça n’en valait pas la peine, et j’étais bien aise de vous l’offrir.

— Vous ne me connaissez pourtant pas ?

— Non ; mais on aime à faire plaisir aux passants.

— Oh ! oh ! me dit Amyntas, sommes-nous donc déjà si loin de la vallée Noire ? Je n’y ai jamais vu un paysan prévenir les désirs d’un inconnu. Je sais bien que ce n’est pas avarice, mais c’est méfiance ou timidité.

Le soleil baissait ; nous ne savions pas où nous trouverions à dîner et à coucher, et, une fois engagés dans le ravin, où la nuit se fait de bonne heure et où les sentiers ne sont vraiment pas commodes, il n’y a rien de mieux à faire que de s’en remettre à la Providence.

Amyntas doubla le pas en chantant.

Chrysalidor ne chantait pas ; il ne pensait même plus à récolter des insectes. Tandis que son compagnon s’enivrait de bien-être et de mouvement, il