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rique du Nord. Certes, le sang de ces hommes-là circule autrement que le nôtre ; leurs nerfs ont un équilibre différent ; leurs pensées, un autre cours ; leurs sensations une autre manière de se produire. Interrogez-les, il n’en est pas un qui n’ait vu des prodiges, des apparitions, des scènes de nuit étranges, inexplicables. Il en est parmi eux de très-braves, de très-raisonnables, de très-sincères, et ce ne sont pas les moins hallucinés. Lisez toutes les observations recueillies à cet égard, vous y verrez, par une foule de faits curieux et bien observés, que l’hallucination est compatible avec le plein exercice de la raison.

C’est un état maladif du cerveau ; cependant il est presque toujours possible d’en pressentir la cause physique ou morale dans une perturbation de l’âme ou du corps ; mais elle est quelquefois inattendue et mystérieuse au point de surprendre et de troubler un instant les esprits les plus fermes.

Chez les paysans, elle se produit si souvent, qu’elle semble presque une loi régulière de leur organisation. Elle les effraye autrement que nous. Notre