Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/194

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un tel s’en allant tout seul à grands pas, et suivi de plus de trente loups (il y en a toujours plus de trente, jamais moins, dans la légende). Une nuit, deux personnes, qui me l’ont raconté, virent passer dans le bois une grande bande de loups ; elles en furent effrayées, et montèrent sur un arbre, d’où elles virent ces animaux s’arrêter à la porte d’une cabane d’un bûcheron réputé sorcier. Ils l’entourèrent en poussant des rugissements épouvantables ; le bûcheron sortit, leur parla, se promena au milieu d’eux, et ils se dispersèrent sans lui faire aucun mal. Ceci est une histoire de paysan ; mais deux personnes riches, et ayant reçu une assez bonne éducation, gens de beaucoup de sens et d’habileté dans les affaires, vivant dans le voisinage d’une forêt, où elles chassaient fort souvent, m’ont juré, sur l’honneur, avoir vu, étant ensemble, un vieux garde forestier s’arrêter à un carrefour écarté et faire des gestes bizarres. Ces deux personnes se cachèrent pour l’observer, et virent accourir treize loups, dont un énorme alla droit au garde et lui fit des caresses. Celui-ci siffla les autres comme on siffle des chiens,