Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/195

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et s’enfonça avec eux dans l’épaisseur du bois. Les deux témoins de cette scène étrange n’osèrent l’y suivre, et se retirèrent aussi surpris qu’effrayés. Avaient-ils été la proie d’une hallucination ? Quand l’hallucination s’empare de plusieurs personnes à la fois (et cela arrive fort souvent), elle revêt un caractère difficile à expliquer, je l’avoue : on l’a souvent constatée ; on l’appelle hallucination contagieuse. Mais à quoi sert d’en savoir le nom, si on en ignore la cause ? Cette certaine disposition des nerfs et de la circulation du sang, qu’on donne pour cause à l’audition ou à la vision d’objets fantastiques, comment est-elle simultanée chez plusieurs individus réunis ? Je n’en sais rien du tout.

Mais pourquoi ne pas admettre qu’un homme qui vit au sein des forêts, qui peut, à toutes les heures du jour et de la nuit, surprendre et observer les mœurs des animaux sauvages, aurait pu découvrir, par hasard, ou par un certain génie d’induction, le moyen de les soumettre et de s’en faire aimer ? J’irai plus loin : pourquoi n’aurait-il pas un certain fluide, sympathique à certaines espèces ? Nous avons vu,