Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/259

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voyagent en poste ou en wagon ne verront jamais de cette région que ce qu’elle a de morne et de stupéfiant. Pourtant, si l’on se dirige en chemin de fer jusqu’à Argenton, et que l’on veuille descendre, en voiture ou à cheval, le cours de la Creuse pendant deux lieues, on arrivera dans cette partie du bas Berry où il faut nécessairement aller à pied ou à âne, mais dont le charme vous dédommage amplement des petites fatigues de la promenade.

C’est une gentille et mignonne Suisse qui se creuse tout à coup sous vos pieds, quand vous ayez descendu deux ou trois amphithéâtres de collines douces et d’un large contour. Vous vous trouvez alors en face d’une déchirure profonde, revêtue de roches micaschisteuses d’une forme et d’une couleur charmantes ; au fond de cette gorge coule un torrent furieux en hiver, un miroir tranquille en été ; c’est la Creuse, où se déverse un torrent plus petit, mais pas beaucoup plus sage à la saison des pluies, et non moins délicieux quand viennent les beaux jours. Cet affluent, c’est la Gargilesse, un bijou de torrent jeté dans des roches et dans des