Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M. Z. — Tenez ! La première pièce du volume ; un compliment de bonne année adressé à de jeunes enfants.

UN AN DE PLUS

    Enfants, encore un an qui passe.
    Eh bien, vous voilà tout joyeux ?
Un an de plus, enfants, à jeter dans l’espace,
    Un an de moins à voir les cieux !


Et vous riez encore, et rien sur votre bouche
Ne semble révéler un sentiment chagrin !
Quoi ! cet anneau passé de la chaîne qui touche
    Du soir de l’homme à son matin.
Il n’a donc pas froissé votre petite main ?
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


Quoi ! rien ne vous émeut !… Allons, j’ai tort peut-être,
Moi qui veux, malgré vous, ainsi vous affliger.
    Oui !… Pourquoi vous faire connaître
Des maux contre lesquels rien ne peut protéger ?
    Et puis une année, à votre âge,
Il semble que cela ne doit jamais finir ;
C’est presque le passé, c’est tout un avenir.
    Nous… nous savons que son passage
Laisse le souvenir de bien des jours perdus ;
Un peu d’espoir de moins, quelques chagrins de plus.
Nous… nous n’attendons point avec un œil d’envie.
L’heure où tombe une feuille à l’arbre de la vie.


Cette chute, pour vous, a pourtant des appas.
Et vous applaudissez, quand son heure est venue ;