Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/103

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Car si votre avenir jour à jour diminue,
     Nul ne vous le dit, n’est-ce pas ?


Quand le temps vous présente une nouvelle année,
Il la pare de fleurs, la charge de cadeaux ;
Il fait exprès pour vous une heureuse journée.
Où vous pouvez saisir mille plaisirs nouveaux.
Qu’il porte suspendus au tranchant de sa faux.
Prenez ; l’heure pour vous sera trop tôt venue,
Où vous ne toucherez que la faux toute nue…


Ici, M. A. interrompit M. Z.

M. A. — Assez, mon ami ; je vois ce que c’est. De très-beaux vers, en vérité ; et je ne sais pas lequel de nos poètes en vogue en ferait de meilleurs, le sujet donné. Mais cela me met en doute encore plus sur la bonne fabrication des ustensiles qui sortent de la main d’un tel lyrique.

M. Z. — Ne vous en mettez point en peine. Beuzeville est un bon ouvrier ; et, pour vous convaincre du laborieux emploi de ses journées d’artisan, lisez sa pièce intitulée : Huit heures du soir. Je sais que vous n’aimez pas les longues lectures : mais jetez-y les yeux ; ce sera bientôt fait.

M. A., après avoir parcouru les pages indiquées par M. Z. — Il est certain que cette peinture est touchante. Ce retour de l’atelier au foyer domestique, ce père qui embrasse sa femme et ses enfants, pour oublier en un instant sa journée de fatigue ; cette apostrophe aux jeunes ouvriers :

Pauvres fleurs qui, chaque journée,
Restent douze heures sans soleil !

cette prière du soir, cette bénédiction de la vieille