Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/14

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Muni d’aussi bons renseignements, éclairé, comme on voit, par les docteurs de la presse, atteint et convaincu du délit de curiosité, j’avoue que ces docteurs m’ont, du moins, appris une chose : c’est que la critique des journaux n’a pas le premier mot des énigmes sociales dont je lui ai ingénument demandé la solution. C’est pourquoi je continuerai à questionner mes contemporains, n’acceptant pas du tout ce raisonnement des conservateurs, qu’on ne doit pas signaler le mal, à moins qu on en ait trouve le remède. Si les questions sont des crimes, il y a un moyen de les faire cesser : c’est d’y répondre ; et je demande aux gens que ma curiosité scandalise de me mettre une bonne fois l’esprit en repos, en me prouvant que tout est clair et que tout va bien. Mais jusqu’ici, hélas ! ils ne m’ont fait d’autre réponse que celle de la chanson du roi Dagobert, ce grand politique des temps passés, s’il faut en croire la légende :


« Apprends, lui dit le roi,
Que je n’aime pas les pourquoi. »

Loin de moi l’intention de me présenter ici comme la victime des opinions et des préjugés, afin de repousser les critiques littéraires dont mes livres ont été l’objet. En matière d’art, j’admettrai volontiers la compétence de la critique, n’attribuant pas d’autre mérite à mes ouvrages que la sincérité et l’ardeur d’investigation qui les ont dictés, et ne cherchant pas ailleurs la cause de la popularité qu’ils ont acquise, en dépit de tous leurs défauts et des critiques qu’on en a faites.

Car vous cherchez tous avec moi, ô mes contemporains ! tous, vous avez besoin de la vérité, public et