Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/154

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Et que le plus hardy courage
Tremble à l’aspect de son orage ;
Cependant je suis accablé,
Sans bois, sans vendange, sans blé.
Plus pauvre que vous n’êtes riche.
Tous mes habillements en friche,
Un des pieds chaussé, l’autre nù,
A Paris sans estre connu, etc.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Je porte un manteau sur l’épaule
Fait du temps d’Amadis de Gaule,
Si fort débisfé que l’on croit
Qu’il me nuit autant que le froid,
Montrant à quiconque l’aborde
Plus de mille toises de corde.
De qui l’horreur fait retirer
Le filou qui le veut tirer.
Enfin, dans ce sensible outrage.
Je suis désespéré, j’enrage
De voir que pour me secourir
Je ne peux vivre ny mourir.

Le fier mendiant termine son Épître en disant qu’il avait bien dessein de dépeindre une histoire.

Où la propre main de la gloire
Eût rendu vos faits adorés (les exploits de Richelieu)
Avecque des vers tout dorés.

Mais qu’il ne le fera point.

Veu que pour ces faits précieux
Je n’ai point d’or que dans les yeux ;

Voulant dire, d’une façon populaire, que la faim lui rend les yeux jaunes, et disant assez clairement :