Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/369

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arrivent les dogmes qui ont fait leur temps. C’est au moment où ils ne sont plus que des fantômes, qu’ils veulent terrifier et chasser les vivants de la scène du monde. De là la passion que mettent les vivants à combattre et à effacer les spectres. Quand la bataille est gagnée, quand les morts dorment dans la tombe, on ne se rappelle plus ou bien l’on n’imagine pas ce qu’il a fallu d’audace et de persévérance pour se débarrasser d’eux.

On a beaucoup reproché, dans ce temps-là, au romantisme de s’être imposé presque à main armée dans les théâtres. Il faut lire dans le récit de madame Hugo tout ce que la tyrannie classique suscita d’obstacles à l’auteur de Hernani, pour reconnaître que ses amis ne firent que leur devoir d’hommes en rendant colère pour colère.

Ce récit est vraiment curieux, et il est vrai, car nous avons été témoin de plusieurs de ces faits retracés par elle avec une sincérité charmante et un enjouement plein de générosité. Les deux premiers volumes de cette intéressante biographie s’arrêtent à l’époque où M. Victor Hugo entra à l’Académie (1841). Rien d’emphatique ; rien de trop flatteur et de trop partial dans cette première série, qui est, en son genre, un chef-d’œuvre, où l’auteur ne s’est pas écarté un seul instant du modeste programme qu’il nous révèle incidemment vers la fin… Si mon livre était un livre de critique, il y aurait des lacunes considérables. Je parle à peine de l’œuvre lyrique de M. Victor Hugo ; mais je ne juge pas ses œuvres, je les raconte, et le lecteur a pu remarquer avec quel scrupule je m’abstiens de toute appréciation et de tout éloge. Dans cette biographie pure et simple des créations de M. Victor Hugo, je dois m’é-