Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/386

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Nous souhaitons quand même que cette importante publication n’ait que de bons résultats, car un ouvrage si éminent comme talent d’exécution et rempli de sentiments si élevés, doit tendre à élever le niveau des idées et à servir l’œuvre du progrès. C’est, à coup sûr, la pensée qui l’a dicté, et non celle de soutenir une thèse ou de montrer une capacité intellectuelle qui avait fait ses preuves.

Aussi nous espérons que la suite du travail entrera un peu plus dans le sentiment de la génération nouvelle, et ne sera pas une apologie sans restriction des coups d’État quelconques de l’histoire. Il en est dans la vie de César qui méritent plus d’indulgence que d’admiration, et le mouvement des idées philosophiques modernes, mouvement qui doit toujours sanctionner les aperçus de l’histoire dans ses mouvements durables, ne nous emporte pas dans le sens du droit absolu de l’individu sur les masses, quelque bien doué ou quelque bien intentionné que soit le privilégié du destin. On ne peut plus restreindre la légitimité des dictateurs aux époques de transition, car nous n’entendons plus que le progrès s’arrête et désormais tout sera époque de transition dans le flot rapide de l’avenir. Donc, si on accepte encore les dictatures, ce sera à la condition qu’elles ne s’érigeront pas en principe et en droit applicable à tous les moments de notre vie. Dans la science comme dans l’art, dans l’action comme dans la réflexion, dans l’histoire comme dans la critique, la liberté individuelle est nécessaire à nos manifestations sérieuses. Nous aimerions donc à voir circuler bien vite cet air vital dans l’Histoire de César et nous regretterions que l’historien, au nom de la logique, se le fût retiré à lui-même. Osons lui dire qu’il a le droit