Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/392

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pénétré dans l’arche et menaçaient les provisions) :

— Sachez, leur dit le mage, que j’ai embarqué le tigre, le vautour et le serpent qui sont des ennemis plus redoutables.

» — Pourquoi as-tu fait cela ? lui dit Pyrrha, la femme de Deucalion.

» — Apprends, répondit Xizouthros, qu’Ahoura-Mazda n’a rien créé d’inutile, et que nul n’a le droit de lui dire : « Ceci est nuisible, » ou : « Cela est de trop. » Le sage qui se voue à la connaissance des secrets divins arrive à découvrir dans les venins et les poisons de puissants remèdes ; si vous ne savez pas encore tirer le bien du mil apparent, ne vous en prenez qu’à vous-même, et n’accusez pas le souverain bien de n’avoir pas su ce qu’il faisait. »

S’il y avait déjà de tels rayons de lumière dans l’esprit des sages, — nous ne voulons pas chicaner l’auteur après avoir cité cette courte et forte leçon, — il était bien permis de ressusciter un instant l’empire des Atlantes pour nous y faire pénétrer, de le placer au pied du Caucase, puisque c’est la région où la vraisemblance géographique le fait apparaître, et d’y introduire des personnages doués des éternelles aspirations et assujettis aux éternels appétits de l’homme. D’ailleurs le plus grand nombre des personnages de ce livre appartient au monde qui a survécu. Alliés, voisins ou ennemis des Atlantes, ils ont le droit de représenter les mœurs, les idées, les costumes, les croyances des peuples qui ont laissé non-seulement des traces confuses de leurs origines, mais des témoignages éclatans de leur existence.

Selon nous, Maurice Sand a tiré de ce sujet un parti des plus heureux. Il a su être intéressant, dramatique