Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/62

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d’une réaction littéraire. Ce qu’il fait, il le fait pour son compte, sans imposer son exemple ou donner ses livres pour des leçons. Il ne s’est guère enquis jusqu’ici des systèmes ou des principes qui dominent l’art et la poésie de son temps. Ce qu’il admire, il l’admire naïvement sans se demander pourquoi. Ce qui lui répugne, il s’en abstient plutôt qu’il ne le blâme. Il n’est pas de ceux qui trouvent au fond de tous leurs sentiments trois ou quatre idées très-plausibles dont ils déduisent complaisamment avec une érudition splendide les origines avérées.

C’est pourquoi ses livres, quelle que soit la destinée qui les attend, pourront exciter des sympathies ou des répugnances, comme tous les poëmes obscurs ou inachevés ; mais ils ne seront jamais dignes de la haine ou de la discussion, car il ne plaidera jamais au profil d’un système. Il est de ceux pour qui sentir vaut mieux que savoir. Il peut avoir tort, mais du moins il est sincère.

15 mars 1834.