Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que d’en parler trop peu. Les Girondins de M. de Lamartine, le premier volume de M. Michelet, voilà un contraste bien frappant à signaler ; celui-ci rapide, brusque, ému, palpitant, comme le récit d’un messager hors d’haleine ; celui-là éloquent, abondant, soigné, coloré comme une œuvre d’art ; les Sympathies de chacun s’emparent d’ailleurs des types et des faits que la nature de leur talent et la couleur de leurs pensées ramènent à la surface du flot ; tout deux sincères, tout deux, pénétrés et pénétrants, tout deux travaillant au même œuvre, celui d’émouvoir et d’entraîner les esprits avec lesquels chacun d’eux est le plus naturellement en rapport.

Mais je m’abstiens, car, il y aurait à faire ici l’histoire de l’histoire, et des mains plus puissantes que la mienne la feront un jour. Nobles esprits, continuez votre œuvre, et n’oubliez pas qu’en touchant à l’histoire, vous allez, vous aussi, y prendre place pour les générations à venir.

L’ouvrage que noua avons sous les yeux à cette heure est celui de M. Louis Blanc, ce jeune homme qui s’est déjà placé au premier rang des écrivains sérieux, en nous, racontant, pour ainsi dire, notre vie présente dans son Histoire de dix ans. Faire agir et parler les vivants d’aujourd’hui avec tant de convenance et d’autorité, c’était résoudre un problème délicat ; se prendre corps à corps avec les vivants d’hier, présente aujourd’hui une autre grande difficulté. Il ne s’agit plus de pénétrer au cœur de faits palpitants sous la main, il faut remonter à l’origine des idées, faire la