Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/204

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pas plus que le Christ n’a prêché la soumission des papes aux pouvoirs temporels, et leur silence en face de la Pologne égorgée, de l’Irlande mourant de faim, de tous les peuples exploités par la caste des riches. Les philosophes ont cru à une raison collective, qui pouvait suffire à l’homme pour exercer ses droits et pratiquer ses devoirs. Ils se sont trompés, en croyant que cette raison se passerait d’idéal et que l’intérêt de chacun, bien entendu, serait l’intérêt de tous. Ils se sont trompés, et, en voulait détruire l’enthousiasme du dévouement représenté par l’image sublime du Crucifié, ils ont échoué : le Crucifié est resté debout, et nous n’avons gagné à cette fausse route que l’hypocrisie officiellement proclamée dans le monde, des souverains athées qui permettent au pape d’exister encore, à la condition qu’il tolérera leur athéisme et qu’il bénira leurs mains rougies du sang des peuples ; des nations indifférentes au meurtre de leurs sœurs ; des papes qui aimeraient mieux voir étrangler et rôtir des millions d’hommes que d’être soupçonnés de communisme ou, moins encore, de tolérance envers telle ou telle personne, dont les idées ont prouvé quelque hardiesse d’interprétation. Étrange misère des temps ! ô Pie IX ! si vous vouliez seulement être chrétien selon la doctrine de Jésus, vous ne vous inquiéteriez guère de nos discussions philosophiques, de nos petites sectes, de nos grands journaux et de tous les «rêves de notre esprit en travail ! Eh quoi ! votre mission est bien claire et bien facile ! Vous avez une main levée pour bénir ou pour anathématiser. Et cette