Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

française, c’est-à-dire toujours loyale, toujours ennemie du meurtre à froid, de l’assassinat prémédité, des lentes tortures, des supplices, en un mot. La France a horreur de tout ce qui rappelle l’inquisition.

Et pourtant les minorités vindicatives usurpent l’influence qui égare, les majorités, et réussissent à les rendre, sinon complices, du moins solidaires de leurs forfaits. Des pensées infernales éclatent dans l’âme malade de quelques hommes aux croyances sinistres, et ces pensées se répandent comme l’invisible poison des grandes épidémies. Tous ne sont pas frappés, mais plusieurs succombent, et beaucoup éprouvent un malaise affreux. Leur vie, leur âme, leur raison semblent un instant ébranlés.

Modérés vrais, hommes doux et sages, vous doit la politique serait toute de prudence et de conciliation, si vous n’étiez sans cesse les jouets ou le prétexte des mauvaises passions des méchants et des habiles ; voyons, majorité bourgeoise de la France ; vous qui êtes républicains progressistes de bonne foi, et qui ne rejetez les tentatives de progrès rapide que parce que vous n’y croyez pas encore ; vous dont l’opinion est encore prépondérante, et que la Providence a peut-être placés sur la route des pensées ardentes pour leur enseigner ce qu’il faut respecter dans les droits du passé, — laisserez-vous accomplir en votre nom un forfait de plus, un crime honteux, que chacun de vous, consulté à part, réprouverait, je n’en doute pas ? Laisserez-vous, au nom d’une prétendue raison d’État, une minorité qui n’est pas vous, et qui ne tient