Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

presque de mauvais goût de la défendre contre de vains bruits et d’injustes méfiances. Si on s’en chargeait, il ne serait du moins pas convenable, selon nous, de chercher dans sa vie privée, dans ses passions, dans ses amours, le mot de ce roman intime que lui seul aurait le droit de révéler et de juger, et dont nous n’approuverions pas que la curiosité publique fût entretenue à la légère. On sait qu’il a aimé, qu’il a eu pour compagne une héroïne, et on sait où et comment il l’a perdue. En toutes choses, ce que l’on sait réellement de lui, suffit, et au delà, pour faire apprécier une existence de dévouements admirables, de douleurs poignantes et de courage à toute épreuve. Résumons-le rapidement d’après les renseignements les plus sérieux, et on dira comme nous que c’est plus qu’il n’en faut pour estimer l’homme autant qu’on admire le héros.

Joseph Garibaldi, né à Nice le 4 juillet 1807 (il y a aujourd’hui même cinquante-deux ans, saluons son anniversaire !), est le fils d’un honnête marin, peut-être d’un simple marinier, mais non d’un pauvre pêcheur, car il reçut de l’éducation et fit de fortes études mathématiques, avec un remarquable succès. Sa famille était fort estimée, et lui-même, dès son enfance, fut aimé et respecté de ses compagnons de jeux et d’études. Il était comme le défenseur naturel des plus faibles ; il était né comme cela.

Aventureux et intrépide, il entra dans la marine dès son jeune âge, et montra tout à coup que le sang-froid et la présence d’esprit faisaient de lui un homme