Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/43

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pour visiter toutes les boulangeries ; mais je crois qu’en place de faire leur devoir, leur occupation est de manger les petits pains au beurre et autres friandises de ce genre, et de se regarder dans les glaces pour voir si leur cravate est bien mise. Et ils se gardent bien de descendre dans l’intérieur du travail, crainte de blanchir leurs beaux habits noirs. Nous avons adressé une pétition à M. le préfet de police, ornée de six mille signatures. Nous lui demandions l’abolition des placeurs, et que les nouveaux bureaux soient dirigés par la police pour qu’il n’y ait plus d’injustice ni de passe-droit ; chaque ouvrier aurait donné deux francs par mois, travaillant ou ne travaillant pas. Cet argent aurait servi à payer les frais de bureau et à secourir les malades ; et, au bout d’un certain temps, on aurait pu fonder une maison pour la vieillesse et les estropiés. Vous voyez que cet argent aurait été bien employé, plutôt que de le voir entre les mains de tous ces coquins de placeurs qui nous mettent à la mendicité.

» Autrefois, les fours contenaient de soixante à soixante et dix pains de quatre livres ; aujourd’hui, tous ceux que l’on construit sont de cent à cent trente. Nous avons plus de mal et nous sommes moins payés. Où il faudrait quatre ouvriers, il n’y en a que trois ; où il y en a deux, il en faudrait trois. Les travaux sont si pénibles, qu’un ouvrier qui y passe deux mois n’est plus reconnaissable. Ce n’est plus qu’un spectre vivant. Nous travaillons seize à dix-huit heures pour quatre francs et deux livres de pain. Les ouvriers des