Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/47

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l’ouvrier n’a pour toute ressource que l’hôpital, pour tout refuge… que la mort !

Et qu’on ne croie pas que c’est la seule industrie où il y ait tant et de si misérables victimes ! Si vous écoutiez la plainte de tous les métiers, vous sauriez que celui-là n’est pas le pire, le moins rétribué, et le plus abandonné à la rapacité des spéculateurs. Vous en verriez de si affreux, que vos oreilles se refuseraient à en entendre la description. Vous verriez partout une classe d’hommes aveuglés et corrompus par la pente fatale qui entraîne l’industrie à ruiner le pauvre et à tromper le riche, se placer entre le producteur et le consommateur, pour tuer l’un par la fatigue et la misère, pour empoisonner l’autre par les procédés frauduleux de la fabrication. La police découvre et châtie tous les jours des industriels qui portent de graves atteintes à la santé publique ; mais vous voyez que la police n’y suffit pas, et qu’il est des parties où sa surveillance n’a pas encore su pénétrer. Nous croyons, nous qui parlons ainsi, que la police est moins fautive que l’organisation sociale du travail, et que son assistance sera un mince secours contre les exactions et les monstruosités sans frein de la concurrence. Mais nous n’en réclamons pas moins son attention, et nous supplions M. le préfet de police de faire droit à la requête des pauvres ouvriers boulangers de Paris.

27 septembre 1844.