Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cipes ; mais ils ne répondaient pas aux nécessités du moment, et, en vertu de transactions dérisoires et monstrueuses par elles-mêmes, mais politiquement nécessaires, les articles discutés arrivèrent à n’exprimer que les vœux, les intérêts et les croyances de la bourgeoisie, c’est-à-dire des ambitions légitimées par les abus du privilège. On y voit percer en plus une certaine religion vague et inféconde appelée le déisme, au-dessus de laquelle le siècle de Voltaire ne pouvait pas s’élever, mais qui était un progrès sur cette philosophie chrétienne, qui, depuis des siècles, faisait fausse route et succombait fatalement.

La grande erreur qui présida à la formulation des droits de l’homme ne porta pas seulement, comme l’ont pensé des esprits éminents, sur une mauvaise et fausse distinction des droits et des devoirs, mais sur l’absence totale de la notion de solidarité entre les hommes. En vain les métaphysiciens et les esprits religieux de l’Assemblée voulaient-ils éclairer la discussion en plaçant les devoirs au-dessus des droits, même en proclamant cette vérité incontestable que tout droit est le résultat d’un devoir. Ils en concluaient que la déclaration des devoirs devait précéder celle des droits. C’était toute une religion à faire, toute une doctrine à formuler. L’Assemblée recula effrayée devant une tâche qu’elle avait cru facile au début, alors que ses politiques disaient comme ceux d’aujourd’hui : « Rien de plus simple que de réduire la doctrine sociale à un petit nombre de principes qui sont écrits dans le cœur de l’homme, et qu’il n’a pas