Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/88

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besoin d’étudier pour en être pénétré. Nous savons tous ce que nous croyons et ce qu’il faut croire, et ce que croient tous les hommes ; nous n’avons pas besoin qu’on nous l’enseigne et nous n’avons que faire de l’enseigner. »

Voilà ce qu’ils disaient textuellement, ces hommes pressés d’agir ; et pourtant, lorsqu’il fut question, tout en laissant les devoirs à l’écart, de formuler les droits de tous, ils se trouvèrent si embarrassés qu’ils faillirent abandonner la déclaration des principes et passer aux articles de la réforme législative sans l’appuyer sur aucune base. Ils l’auraient fait s’ils n’eussent senti qu’il leur fallait, pour tracer de nouvelles lois, s’appuyer eux-mêmes sur un droit quelconque. Ils ne pouvaient alléguer ceux qu’ils tenaient de leurs commettants sans spécifier aussitôt ceux de la nation, et ils furent ainsi ramenés forcément à établir et à proclamer les droits de l’homme.

Or, ils réussirent à fonder le droit du tiers état à exercer le pouvoir ; mais, quant à fonder le droit humain dans la société, ils écrivirent sur le sable. Ils élevèrent leur ordre au rang de caste privilégiée ; mais les droits de tous ils ne purent les établir, ils ne les connurent pas.

C’est qu’ils partaient, ainsi que nous l’avons dit, d’une idée fausse. Partisans de la priorité des devoirs, partisans de la priorité des droits, tous étaient imbus de l’erreur du siècle, l’individualisme. Les ecclésiastiques les plus éclairés et les plus vertueux, comme les métaphysiciens les plus abstraits, comme les