Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/98

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le peuple éclairé des villes, nous voyons les prolétaires se grouper en petites sociétés autour de divers systèmes étrangers sinon hostiles les uns aux autres, repousser avec méfiance tout accord, tout effort commun. De l’autre côté, nous voyons une opposition prétendue libérale s’attribuer le monopole du salut public, rejeter, sans examen, toute philosophie, et s’amuser à une tactique puérile moyennant laquelle on prétend s’emparer du pouvoir un jour ou l’autre, et réveiller au profit de quelques amours-propres la puissance assoupie de la grande nation.

Nous demandons aux uns et aux autres ce qu’ils ont fait, à quoi ils ont pensé depuis cinquante ans, et d’où vient que la Providence a suscité parmi nous si peu d’hommes dans le cerveau desquels la synthèse ait travaillé de concert avec l’analyse pour chercher la vérité.

En sommes-nous donc encore au temps des mages, des hyérophantes, des papes ou des alchimistes, pour que le monde s’arrête quand les oracles sont muets ?

Sommes-nous encore au temps des dictateurs et des conquérants pour que la pensée humaine soit étouffée par le bruit des armes et la clameur du combat ?

Il est trop certain que l’humanité marche jusqu’ici à travers ces alternatives qu’un philosophe[1] a traduites par les mots d’invention et de pratique. Aussi quelle allure lente et pénible ! Que diriez-vous d’un homme en qui les opérations de la volonté seraient si

  1. M. Buchez.