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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/120

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rapport, la nature a encore de merveilleux secrets à nous révéler. D’ailleurs, le poème de la vie de Jésus, tout empreint de l’esprit du temps, n’est pas ce qui constitue essentiellement la doctrine évangélique. L’Évangile, pour nous, c’est l’esprit de Jésus, c’est sa parole, c’est sa révélation de l’éternelle vérité. C’est cette grande découverte de la loi d’égalité et de fraternité qui s’est présentée à lui plus complète et mieux formulée qu’elle ne l’avait été pour ses devanciers. Comme nous ne le croyons pas Dieu, nous ne prétendons pas qu’il ait tout prévu, tout annoncé, tout enchaîné dans l’avenir. S’il avait posé la borne du progrès sur la terre, il ne serait point un génie supérieur. Mais il a laissé le ciel ouvert à toutes les aspirations, et lui-même a dit : L’esprit vivifie, la lettre tue. Donc, tout ce qui a été beau, vrai et bon depuis Jésus, n’a été que le développement de sa pensée. Tout ce qui sera bon, vrai et beau dans l’avenir, suivra la route ouverte par lui ; et, s’il faut absolument à une religion un fondateur, une tradition, un livre, je ne pense pas que l’humanité puisse mieux choisir que le christianisme vrai, le vrai Jésus et le véritable Évangile.

Quelques-uns disent que Jésus n’a jamais existé et que sa vie est un poème en quatre versions. Nous sommes persuadé, quant à nous, que Jésus a existé, que sa doctrine a été recueillie oralement et fidèlement transmise, qu’il a vraiment guéri des malades en leur inspirant une confiance et un enthousiasme qui ont donné, au miracle très naturel de la foi, l’appa-