Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/121

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rence du miracle surnaturel. Nous sommes persuadé que cet homme admirable a souffert la persécution et subi les derniers outrages, le dernier supplice, pour avoir prêché au peuple une admirable doctrine. Quant à sa résurrection au bout de trois jours, nous en trouvons l’invention belle, poétique, et nous n’en voulons pas à ses disciples d’avoir rêvé ce magnifique dénouement au drame le plus touchant et le plus instructif de l’histoire.

Maintenant, si une partie du clergé, une partie de la noblesse, une partie même de la bourgeoisie, et une partie du peuple persistent à croire à la divinité, aux miracles, et à la résurrection de Jésus, la véritable tolérance, le respect dû aux croyances naïves, l’amour qu’un passé poétique inspire encore à la raison du siècle, tout, dans cet ordre de concessions qui ne compromettent en rien les lois sociales, nous fait un devoir de laisser liberté entière à la croyance individuelle. Nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas nous dissimuler que la raison n’éclaire pas simultanément toutes les intelligences, et que l’imagination joue encore un grand rôle dans les croyances religieuses. Nous laissons et nous devons laisser ces intelligences éprises du merveilleux chercher leur ivresse dans les mystères catholiques.

Mais à quiconque n’a pas besoin de l’élément du merveilleux, à quiconque se contente pour religion d’une philosophie pleine d’idéal et de pureté, à quiconque accepte pour dogme la tradition bien comprise de l’humanité et l’aspiration élevée du sentiment, nous