Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/211

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Mais le communisme, lorsqu’il aura trouvé sa formule, c’est-à-dire lorsqu’il ne sera plus la moitié d’une vérité, lorsqu’il aura fait le tour de l’idée dont il n’a encore contemplé qu’une face, sera-t-il forcément exclu de la forme sociale et de l’action politique ? Non ; tout au contraire, il y apportera l’équilibre qui manque à la société, et faute duquel, trop chargée d’un côté, elle s’écroule fatalement. Il est un des piliers nécessaires sur lesquels reposera l’édifice futur, et cela sera beaucoup plus tôt qu’on ne pense, si l’on ne continue pas à se battre sans savoir pourquoi, et à faire de part et d’autre d’inutiles et funestes prodiges d’héroïsme et d’aveuglement.

Il deviendra alors un élément régulier de reconstruction sociale, comme le christianisme, comme toutes les religions importantes le sont devenues en leur temps. Mais peut être, à l’heure qu’il est, serait-il difficile de faire admettre à ceux de ses adeptes qui se sont constitués en petite église qu’ils n’ont que deux partis à prendre : pu protester, comme religionnaires, contre tout ce que l’humanité professe et pratique, et se retirer au désert en communauté pour montrer qu’ils sont vraiment les disciples d’une religion de fraternité qui

    nistes, moi, personnellement, je ne répudierai point ce titre dangereux. Je ne le ferais que le jour où le communisme triompherait en politique, et m’adresserait les mêmes menaces que les conservateurs m’adressent aujourd’hui. Jean-Jacques Rousseau disait : « Je suis philosophe avec les superstitieux, religieux avec les athées. » Il est des temps d’anarchie morale où cette parole de Jean-Jacques est nécessairement la devise de tout esprit sincère et courageux.