Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/228

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les plus arides se colorent et s’enflamment au feu intérieur d’une âme enthousiaste et sainte. Un des hommes les plus méconnus, les plus calomniés, lesplus lâchement insultés par l’esprit réactionnaire, est un des plus grands hommes de ce temps-ci ; c’est dans l’ordre. L’Italie et la France révolutionnaires le savent. L’Italie et la France réactionnaires le savent aussi. De là cette haine, cette calomnie, cette persécution.

Que personne ne s’en plaigne. Que les amis de Mazzini, c’est-à-dire les amis de la véritable Italie, subissent ces outrages avec l’auguste sérénité dont Mazzini lui-même et les autres principaux martyrs de la cause ont fait preuve. La loi des temps, la fatalité providentielle qui plane sur l’histoire du monde, depuis que le premier souffle de la liberté et de la vérité a passé sur lui, la volonté divine qui promet à l’humanité de grandes victoires pour prix d’atroces souffrances, l’avait ainsi ordonné. Ce n’est pas le fer et la mort, ce n’est pas la prison et l’exil contre lesquels les croyants de l’avenir doivent s’armer de plus de courage et de stoïcisme ; c’est l’injustice des contemporains, c’est le mensonge des adversaires, c’est l’erreur de la foule qui sont les véritables tourments des âmes dévouées. Qui ne le sait en entrant dans la carrière ? Il faut aujourd’hui, comme aux premiers temps de la mission chrétienne, le bouclier de la foi.

Mais, hélas ! la main qui trace ces lignes est frémissante encore de douleur et d’indignation. Elle pourrait signer ces vers de Racine :