Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mentent sciemment et qui se font un honneur et un devoir de mentir à Dieu et aux hommes ? Si Ton jette à la face d’un jésuite ce mot insupportable à la dignité d’un homme : Vous mentez ! le jésuite ne se fâche point, il ne tend pas l’autre joue à l’exemple du Christ. Il sourit, il sourit d’orgueil et de satisfaction intérieure, il s’applaudit d’avoir su mentir, et, s’il pouvait rougir, ce serait d’avoir fait, par malheur, un mensonge maladroit et inutile. Si j’écris ces quelques lignes aujourd’hui, en tête de l’ouvrage d’un frère respectable et d’un illustre ami, ce n’est pas avec l’espoir de faire tomber les calomnies qu’en haine de sa croyance, on a essayé de déverser sur ses intentions. À détrompés et éclairés appartient seul l’arrêt suprême qui fera éclater le crime et la vertu. Je le fais uniquement parce que c’est un devoir de prendre note, en temps et lieu, d’une grande protestation, qui sera étouffée encore aujourd’hui par le mensonge, mais qui demain peut-être sera enregistrée au tribunal de l’Europe. Il faut que cette pièce soit publiée, avec ou sans retentissement, peu importe ; il faut que la presse française en soit saisie en même temps que celle des autres nations. Je n’y ajoute rien en y ajoutant mon nom ; mais, à un jour donné, la plume du premier secrétaire venu doit être au service de la cause, comme le fusil du premier combattant venu dans une bataille.

Et après ce devoir accompli, tâchons de reprendre courage, malgré le spectacle navrant de l’Italie livrée aux vautours, et des autres peuples frémissants dans